Réponse de Déi Gréng à la lettre ouverte

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En tant que déi gréng, nous aimerions remercier Forum Culture(s) pour votre lettre ouverte aux partis politiques tout comme pour votre engagement en faveur de la vie culturelle au Luxembourg. Nos réactions a à vos affirmations et questions reprennent les thématiques mises en avant dans votre lettre. 

La culture comme enjeu sociétal

Tout au long de la pandémie, nous nous sommes engagés pour que l’importance de la culture et des acteurs culturels soit reconnue dans le cadre des restrictions mais aussi des aides mises en place par l’état. Concernant l’orientation de la politique culturelle pour les cinq ans à venir, nous estimons que, face à des temps économiquement incertains, il s’agira de garantir des structures et des budgets pour la culture qui résistent à la crise. Pour trouver ensemble des réponses viables aux défis de notre temps, la politique culturelle est donc un domaine politique central. Cela est d’autant plus vrai pour le Luxembourg, dont la diversité culturelle et linguistique constitue une part importante de notre identité. .  Si, en revanche, le portefeuille de la culture est négligé, nous serons tous perdants.

En tant que déi gréng, nous sommes convaincus que la transition écologique, tout comme la prise de conscience politique et sociétale qu’elle implique, ne saura avoir lieu sans une composante culturelle forte et dynamique. Voilà pourquoi nous rejetons la logique du « jeu à somme nulle » selon laquelle les investissements en faveur de la transition écologique doivent nécessairement se réaliser aux dépens d’investissements dans d’autres domaines cruciaux, que ce soit le logement ou la culture. Tout au contraire, nous sommes profondément convaincus qu’il sera important pour les années futures de mettre en avant la capacité des acteurs culturels à guider notre société dans l’affrontement des défis majeurs auxquels nous faisons face.  Cette conviction et son affirmation dans les débats politiques et sociétaux seront, à nos yeux, essentiels pour justifier dans le futur la nécessité d’une politique culturelle conséquente et des moyens correspondants.

 

La culture comme enjeu territorial

Nous partageons le constat que la dimension territoriale de la politique culturelle mériterait à être mise en avant davantage. Alors que certaines communes et les centres cultures régionaux réalisent un travail important dans ce domaine, les facilités de participation culturelle des citoyen.ne.s dépendent à ce jour fortement du lieu de résidence.  Il y a donc ici un enjeu d’égalité qui mérite d’être approché en tant que tel et ce d’autant plus devant un macro-discours politique qui accentue fortement les enjeux d’équité. C’est la raison pour laquelle nous avons dédié une section de notre programme électoral au soutien et à la mise en réseau des politiques culturelles au niveau communal. Une des mesures que nous préconisons dans ce contexte est la mise en place d’une stratégie quinquennale pour les infrastructures culturelles, par analogie à celle qui existe d’ores et déjà pour le tourisme. De même et pour les communes les plus peuplées, nous estimons important l’élaboration de plans de développement culturel locaux ou régionaux, évidemment dans un cadre et avec des moyens proportionnels. En effet, la mise en place et le suivi de politiques nationales seraient grandement facilités par l’existence de tels outils.

 

La culture comme défi d’intégration et d’inclusion

En tant que déi gréng, l’une de nos convictions de longue date en matière de politique culturelle est que le succès d’une politique culturelle ne se mesure pas uniquement à la qualité de l’offre culturelle, mais qu’il est au contraire tout aussi important que toutes les citoyen.ne.s puissent accéder voire contribuer à l’offre culturelle et ce indépendamment de leur contexte culturel ou de leur situation financière. C’est pourquoi notre objectif est d’augmenter considérablement la part des citoyens participant à la vie culturelle en tant que public ou en tant qu’acteurs ou actrices. De même, nous sommes convaincus qu’une politique culturelle contemporaine se doit d’être féministe et inclusive, et qu’il est important pour la démocratie culturelle que la diversité de notre société puisse être représentée dans la scène culturelle.

Sous une optique d’équité et d’accessibilité, l’intersection des domaines de l’éducation et de la culture est un facteur clé que nous aimerions améliorer dans le futur. Aujourd’hui, les chances des enfants et jeunes tant dans l’enseignement fondamental qu’au lycée sont encore trop largement tributaires de l’affinité culturelle du personnel enseignant. Des médiateurs et médiatrices culturels auprès des écoles nous paraissent comme un moyen important pour améliorer l’échange et faciliter l’organisation de sorties culturelles. De plus, en introduisant un « Kulturbonus » à raison de 200 euros, nous voulons inviter tou.te.s les jeunes à découvrir le monde culturel selon leurs propres goûts.

Un autre aspect de la politique culturelle qui est tout à fait important sous l’aspect de l’accès à la culture est la protection du patrimoine culturel qui fait partie du cadre de vie quotidien.  En menant jusqu’au bout la réforme de la loi sur la protection du patrimoine, nous avons opéré le changement de paradigme, longtemps attendu, d’un régime de protection souvent inefficace à un système proactif et conséquent, tout en améliorant la transparence et la sécurité juridique. Comme le succès du nouveau régime de protection dépendra aussi des moyens mis à disposition pour sa mise en œuvre, nous estimons essentiel que ces moyens seront assurés à moyen terme et au-delà.

 

La « gouvernance culturelle »

En matière de gouvernance culturelle, un exercice important de structuration a eu lieu au cours de la législature actuelle. Dans ces démarches, le Kulturentwécklungsplang (KEP), qui a servi comme « boussole » de la politique culturelle, se base de manière fondamentale sur la participation de toute la scène culturelle luxembourgeoise et ce tant au niveau de l’élaboration qu’au niveau du suivi, cet instrument.

Si le renforcement des professionnel.le.s de la culture a été une priorité ces dernières années, le soutien pour les associations culturelles n’a pas pour autant été négligée. Ainsi, le nombre de conventions ainsi que le budget afférent ont plus que doublé au cours du mandat de la ministre Sam Tanson. De même, l’introduction du congé culturel a donné suite à une revendication de longue date du milieu culturel visant à faciliter la conciliation entre vie professionnelle et engagement en faveur de la culture.

En ce qui concerne l’amélioration des échanges avec les communes, nous nous permettons de renvoyer à nos remarques ci-haut concernant la dimension territoriale de la politique culturelle. En plus, en 2022, une vision stratégique et feuille de route pour le nouveau Service des études et statistiques et de la documentation du ministère de la Culture ont été présentées, avec intégration du futur Observatoire de la Culture tel qu’il figure au KEP. Les différentes initiatives ci-haut constituent toutes des mesures importantes afin de continuer à améliorer la structuration du secteur ainsi que l’efficacité des prises de décision en matière de politique culturelle, tout en continuant à favoriser les approches « bottom-up » qui sont essentielles en matière de politique culturelle.

 

 

 


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